L'assassin était en jaune (French Edition) by Sydney Raphaël

L'assassin était en jaune (French Edition) by Sydney Raphaël

Auteur:Sydney, Raphaël [Inconnu(e)]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2023-06-07T23:00:00+00:00


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La louve

Il était presque vingt heures lorsque Lambert fit une entrée chaotique dans le bureau de Taiteprais, encombré de cannes anglaises indociles dont l’état peu glorieux montrait qu’elles avaient déjà soutenu bien des esquintés avant lui.

— Vous voilà bien mal en point, Stanislas ! Qu’est-ce qui vous est arrivé ?

Stanislas Lambert lui raconta les circonstances qui l’avaient mis dans cette pauvre situation. Taiteprais en fut sincèrement contrit.

— Vous avez passé une radio ?

— Je n’en ai pas vraiment eu le temps. Je ne crois pas que ce soit très grave, la douleur n’est pas intolérable. Une simple entorse, je pense. Je verrai demain.

— Heureusement que vous avez réussi à vous procurer des béquilles !

— C’est votre secrétaire, Macchina Olivetti. Elle les avait transformées en pieds de lampe et elle s’est acheté récemment des lampadaires espagnols. Elle n’en avait plus l’utilité. Elle est retournée chez elle pour aller me les chercher. Super gentil, non ? Elle est incroyablement serviable, cette femme !

Le commissaire ne fit aucun commentaire sur la serviabilité de sa secrétaire qui, même si elle s’était considérablement améliorée, restait limitée par sa passion pour le sudoku, qu’elle privilégiait encore à son travail.

— Je suis vraiment désolé, Stanislas. Tout ça est ma faute. Je vous ai retenu, je vous ai mis en retard et vous avez dû courir.

Lambert n’était pas homme à se plaindre. Il dit simplement qu’il s’était vautré sur le trottoir et que c’était juste un manque de bol.

— Une mauvaise chute. Mais mon retard a servi à quelque chose, j’ai pu voir les effusions d’Emma Laurac et Demy Sail.

Il fit part au commissaire de ce dont il avait été témoin devant Millenium’Archi.

— Intéressant, non ?

— Oui, intéressant. Vous dites qu’Emma Laurac se montrait discrète, elle voulait cacher sa liaison à ses collègues ?

— Aucun doute là-dessus. Elle a marché normalement devant la vitrine, elle a vérifié qu’elle l’avait passée, et elle s’est précipitée dans les bras de Sail. Une embrassade torride !

— Wow ! Vous n’avez rien vu d’autre ?

— Oh ! Commissaire !

— Arrêtez, Lambert, ne me prêtez pas de mauvaises pensées !

— Pardon. Oui, je suis entré pour parler à la secrétaire, à l’accueil.

— Sous quelle identité ?

Lambert bafouilla un peu.

— En tant que journaliste… Charlie Varau, du Pépin Déchaîné.

— Lambert !

— Oui, je sais, mais Laurac attendait un journaliste. Je pensais que la secrétaire était au courant.

— Soit. Alors, vous avez appris quelque chose ?

— Assez peu. Apparemment, Laurac est une sacrée femme. Autoritaire comme une femme de colonel. Ça, je l’avais déjà découvert, mais la secrétaire me l’a bien fait comprendre, sans vraiment le dire, évidemment. Emma Laurac se dit certaine de décrocher le projet du Centre culturel. Elle se bat pour ça « bec et ongles », selon la secrétaire.

— On ne peut pas lui reprocher d’être une battante !

— Non, bien sûr. Mais la secrétaire avait l’air de la craindre, je l’ai ressenti.

— Elle vous a raconté tout ça sur son employeur ? Surprenant.

— Pas dans ces termes, non, elle a employé des périphrases, mais c’était bien évident.



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